Selon une étude du
Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), 29% des
enseignants prévoient de voter en faveur d'Emmanuel Macron lors de
la présidentielle de 2017. Une petite révolution quand on sait que
le Parti socialiste est historiquement la force politique plébiscitée par les enseignants.
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Emmanuel Macron profite du ralliement de François Bayrou pour devenir le candidat préféré des enseignants. Photo : DR |
Une « demande
forte de politique centriste » commence à émerger chez
les fonctionnaires. C'est du moins ce qu'indique la dernière enquête
que vient de publier le Centre de recherches politiques de Sciences
Po (CEVIPOF). À deux mois du premier tour de l'élection
présidentielle, c'est donc Emmanuel Macron qui apparaît comme le
champion des électeurs de la fonction publique. Et cette tendance
est même renforcée lorsqu'on observe les seules intentions de vote
des enseignants. En effet, ils seraient 29% à vouloir donner leur
voix au fondateur d'En Marche !. Dans cette enquête, il est
talonné par Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, qui
recueilleraient respectivement 25% et 16% de leurs suffrages.
« Les effets de
radicalisation engendrés par les primaires de la droite et de la
gauche ont laissé un espace grand ouvert au centre qu’occupe
Emmanuel Macron » explique Luc Rouban, directeur de
recherches au CNRS qui a piloté l'enquête du CEVIPOF. Emmanuel
Macron doit également ce score au ralliement récent de François
Bayrou. Selon cette même étude, il apparaît que 12,3% des
enseignants envisageaient de voter pour le Béarnais s'il s'était
présenté. Aujourd'hui, c'est donc Emmanuel Macron qui tire profit
de ce désistement. Il faut aussi dire que l'ancien ministre de
l’Économie multiplie les appels du pieds à destination des
professeurs depuis plusieurs semaines. Lors de son meeting à la
Porte de Versailles début décembre, il avait affirmé ne pas
vouloir diminuer le nombre d’enseignants. « Quand on cite la
fonction publique aujourd'hui, c'est uniquement pour savoir le nombre
de têtes qu’il faut couper », avait-il notamment lancé. Un
mois plus tard, durant un meeting à Lille, il enfonçait le clou en
déclarant vouloir créer 12.000 postes d'enseignants. Une attitude
qui lui vaut aujourd'hui d'être apprécié par une grande partie des
professeurs.
Le PS ne séduit plus
le corps enseignant
Hormis la consolidation
du vote centriste au sein de l'électorat enseignant, l'enquête met
en exergue trois autres éléments. D'abord, les professeurs
entérinent leur désaffection pour François Fillon. Alors qu'il
obtenait 20% des intentions de votes au cours d'une enquête menée
en décembre dernier par le CEVIPOF, il ne recueille aujourd'hui plus
que 14,7% des suffrages. Il faut dire qu'entre-temps, l'affaire
Pénélope est passée par là, écornant lourdement l'image du
candidat de la droite. « Il est indéniable qu’elle a
provoqué un choc éthique dans le monde des fonctions publiques »,
souligne Luc Rouban. Sa promesse de supprimer 500.000 postes
de fonctionnaire le condamnait de toute façon à susciter la
défiance du corps enseignant. Autre enseignement : Marine Le
Pen commence à se faire une place dans le cœur des professeurs.
Avec 7,6% des intentions de vote, elle consolide le score qu'elle
avait obtenu lors de l'enquête de décembre. Une performance quand
on sait qu'en 2012, elle n'avait recueilli que 3% des suffrages des
enseignants.
Du côté du Parti
socialiste, Benoît Hamon récolte 25% des intentions de vote. Un
chiffre auquel viendront certainement s'ajouter les 4,4% de Yannick
Jadot après que l'écologiste se soit rallié à la candidature du
socialiste. Malgré tout, la portée de ce score reste à relativiser
car les enseignants sont historiquement proches du Parti socialiste. Il faut se souvenir qu'en 2012, 50% d'entre eux avaient voté pour François
Hollande lors du premier tour de la présidentielle. Pour Luc
Rouban, cet affaiblissement inédit est à mettre sur le compte
d'une « absence de vision claire de ce que doit être le
service public » mais aussi de la bonne santé électorale
de Jean-Luc Mélenchon. La chute est donc lourde pour le candidat
socialiste qui peine à jouer les premiers rôles dans la campagne.
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